Ce jour-là, Lelléna est venue se placer au pied d'un grand rocher dont le sommet est orné d'une branche de lierre très touffue. Elle domine le rocher de l'Apparition.
Elle est accompagnée de plusieurs personnes des environs de Campitello. Elle voit venir beaucoup de monde dans la direction de Volpajola. Tous se mettent à genoux et prient.
L'enfant privilégiée de Marie, se tient pieusement agenouillée, les mains jointes ; tout dénote en elle une grande tension d'esprit. Ses yeux attentivement fixés sur le rocher et l'immobilité de sa personne, la font ressembler à une statue vivante.
Soudain, la Mère de Dieu lui apparaît, enveloppée d'une splendeur céleste. Elle se tient debout au-dessus du rocher du lierre, comme Reine sur son Trône.
Elle est vêtue de blanc avec un manteau bleu foncé sur les épaules et une ceinture de même couleur. Elle porte au front une couronne de 12 étoiles, l'une plus brillante que les autres. Sur son bras gauche, Elle tient l'enfant Jésus, vêtu de la même manière que sa Divine Mère. Il égrenait dans ses petits doigts, un grand chapelet aux grains d'or, que la Très Sainte Vierge, tenait par le milieu. Les pieds nus de la Reine du Ciel, touchaient les parois du rocher. Une lumière éblouissante encadrait cette magnifique vision. Madeleine demeure complètement ravie au monde extérieur, sans perdre toutefois, l'usage de ses facultés mentales. Son visage reflète exactement, les rayons qui brillent au front de la Céleste Apparition.
Ce spectacle nouveau jusque là, dure un bon quart d'heure.
Au dire des témoins de cette scène, Madeleine n'appartenait plus à ce monde. En la voyant aussi merveilleusement transfigurée, ils avaient tous la sensation qu'elle se trouvait réellement en présence de quelque chose de divin.
« Je viens de voir la Sainte Vierge, disait-elle, à ceux qui l'interrogeaient, de même que je vous vois en chair et en os! Aucune dame de ce monde n'est comparable à sa Personne. Elle est plus belle et rayonnante que l'astre du jour! Sans rien dire, Elle me souriait agréablement ».
Il est trois heures du soir, Madeleine se tient à genoux, près du rocher de la croix, surnommé « Rocher à dos d'âne », et récite dévotement son chapelet.
De nombreuses personnes prient à ses côtés. Soigneusement coiffée d'un grand mouchoir blanc, elle prie de toute la ferveur de son âme. Elle se fait toute petite, cherchant pour ainsi dire à s'éclipser.
Soudain, « La Belle Dame lui apparaît, plus éblouissante que jamais, au-dessus du rocher, presque à la portée de sa main ; tenant son Divin Enfant dans ses bras maternels »
Les yeux de l'heureuse voyante s'ouvrent tout grands, son buste se raidit.
La Dame le visage souriant, trace un grand signe de croix, la bénit et avec elle toute l'assistance, puis, avec la meilleure grâce du Ciel, elle dit à son enfant de prédilection : (en patois corse) : « O quanta indulgenza chi tu guadagni » en lui montrant son rosaire : « Oh ! Que d'indulgence tu gagnes ». Elle disparut aussitôt.
Une femme du pays de Valle, qui était proche de Lelléna, vit la très Sainte Vierge bénir la douce voyante et aussi l'assistance.
Elle entendit les paroles que notre Auguste Mère adressa à Lelléna, alors que lui montrant son chapelet, Elle s'exclama : « O quanta indulgenza chi tu guadagni ».