J'ai rêvé, dit Lelléna, que j'étais dans une campagne où se trouvait une maisonnette au-dessous de laquelle était un sentier, aboutissant à une fontaine. Revenant de cette fontaine où j'avais trempé le pain de ma collation, je vis venir à moi un vénérable vieillard à cheval. Dans son regard je compris qu'il avait grand faim et désirait mon pain. Spontanément, je le lui offris tout entier et il le prit. Bien que je ne pusse pas m'en procurer d'autre, il me semble que le bonheur d'avoir satisfait le besoin de ce beau vieillard m'avait totalement rassasiée, car je compris en moi-même qu'il avait parcouru un long espace sans pouvoir trouver à assouvir sa faim.
Il descendit de cheval et je vis alors apparaître en ses mains un cep de vigne, chargé de raisin blanc, qu'il m'offrit, et que, vu son poids et sa dimension, je dus prendre avec mes deux mains.
Ensuite il se dirigea vers la fontaine et disparut.
Je montais à la maisonnette et vis son propriétaire assis à une sorte de comptoir. Là, une foule de petits enfants m'envahirent et se jetèrent avidement sur mes grappes de raisin.
Dans cette maison se trouvaient des Messieurs qui jouaient sur des tables, à des jeux dont je n'eus pas connaissance. Les joueurs ne voulurent pas goûter du raisin ; les enfants eux, mangèrent et disparurent.
Anxieuse de revoir le saint vieillard qui avait fait une si suave et si profonde impression sur mon âme, et m'avait promis de venir en cette maison, je m'élançai vers une porte qui donnait sur la fontaine l'y cherchant du regard.
Alors, à mon grand étonnement, tout le paysage avait disparu et s'était transformé en une vaste mer calme.
Déconcertée, je m'assis sur le pas de la porte, regardant cette transformation avec angoisse...
Je vis alors, près de la maison, qui mangeait tranquillement, un coq et divers animaux, une brebis, un tigre, un ours. Puis tout à coup apparut un oiseau noir, plus grand que le coq, une sorte d'aigle qui se jeta sur lui et le battit à coup de bec... Une bataille commença entre eux, et ils me parurent, l'un et l'autre, grandir énormément à mesure qu'ils combattaient. Les autres animaux prirent part au combat. Après une très longue lutte sur terre, ils se précipitèrent dans la mer et disparurent. Au même moment, je vis une foule innombrable d'hommes, sorte de petits démons avec des cornes, se battre dans les flots et dans l'air ; puis, au-dessus d'eux, une légion d'Anges habillés de toutes sortes de couleurs, armés de glaives et dirigés par un chef qui se précipitèrent sur tous les démons ; ceux-ci furent engloutis dans la mer. Epouvantée de ce spectacle, me couvrant les yeux, haletante, je criai: c'est la fin du monde!...
Les hommes qui étaient dans la pièce, n’interrompirent point leurs jeux. Une femme inconnue entra, et leur fit des reproches sévères sur leur indifférence à ce qui passait au dehors. Ils finirent enfin par se lever et quittèrent la salle.
Je rentrai alors dans la pièce, et cette femme me fit aussitôt remarquer.la transformation de cette demeure, dont il ne restait plus que des ruines et des pans de murs calcinés. Avec sa main, elle relevait les lambeaux qui tombaient en me disant : « Voyez dans quel état ils ont laissé ma maison ! »
Là-dessus, je me réveillai en larmes.
Deux ans après, mai 1915, je rêvais de nouveau que nouveau que je me trouvais au même endroit et dans la même pièce, mais celle-ci restaurée en son restaurée en son état primitif, et la femme inconnue qui avais rencontrée jadis, me disais : « As-tu vu comme je les fais partir ? »
Qui sont ceux que vous avez fait partir, lui demandai-je ? « Ce sont les gouvernants » me répondit-elle.
Les deux visions qui précèdent et que, dans son humilité, Lelléna appelle des rêves et que, dans son humilité, Lelléna appelle des rêves, sont symboliques et paraissent s’appliquer aux évènements actuels, notamment à la France et à l’Italie.
Lelléna voit notre pays sous la forme d’un nuage sombre qui dessine le contour de son territoire.
Le 28 mai, le nuage s’est allongé et représentait l’aspect de l’Italie.
Comme dans l’Apocalypse, des personnages et des animaux se montrent, agissent et figurent les événements. Elle a cru reconnaître Notre Seigneur, dans un cavalier magnifique, exténué de faim, à qui elle remit son propre repas. Elle a vu une hôtellerie où de nombreux personnages jouent, vivent dans l’abondance, discutent et font des combinaisons pour prolonger et améliorer leur fortune et leur position, pendant que des animaux symboliques représentent les nations en guerre et se livrent à des combats effrayants sur terre, sur mer et dans les airs.
De l’ensemble de ces deux visions qui se complètent, il semble ressortir ceci: la guerre actuelle sera longue, dure, effroyable et deviendra plus terrible encore, pour les catastrophes maritimes. On croira toucher à la fin du monde.
Le Sauveur parcourt la terre, comme un cavalier affamé, en quête d'un peu de reconnaissance et d'amour. Les âmes qui le consolent reçoivent en retour l'aliment eucharistique. Les enfants surtout en sont avides.
Le Divin Cavalier achèvera d'apaiser sa faim à l'hôtellerie de France, près de sa mère qui en est la gardienne, mais auparavant, Elle en devra chasser les indignes personnages qui y continuent leur vie de plaisir et de parasites, même devant les horreurs de la guerre.
Cette expulsion sera laborieuse et se réalisera au moment le plus terrible de la crise nationale. Le départ forcé sera accompagné de catastrophes et laissera le pays dans un état de ruine complète.
L'allusion aux Parlementaires et aux Ministres qui s'amusent à éteindre les étoiles et à proscrire les insignes religieux est assez transparente.