Corse : Les Apparitions de la Vierge à Campitello
Corse : Les Apparitionsde la Vierge à Campitello

Une fleur du maquis...

Cette île, 150 ans avant la promulgation du dogme de l’Immaculée Conception, avait choisi cette Mère de miséricorde pour sa Patronne, lors de ses luttes avec Gênes, sous la direction de son illustre chef Pascal Paoli. Celui-ci, dans une consulte tenue à Corté en 1735 avait ordonné de placer l’effigie de la Vierge Immaculée sur son drapeau, et d’en célébrer à perpétuité la fête dans tout le royaume, avec les plus grandes démonstrations. En même temps, était adopté comme hymne national, le DIO VI SALVE REGINA, chanté encore actuellement.

La première chapelle érigée en Corse, en l’honneur de l’Immaculée Conception, le fut au village de Campitello, hameau de Bagnolo au mois de Mai 1735.

Une heure d’épreuve allait de nouveau sonner pour ce pays déjà si fortement éprouvé,

De 1881 à 1886, l’Ile de Beauté offrait aux yeux de sa Souveraine un bien douloureux spectacle de luttes électorales. Le Canton de Campitello, en particulier, était le théâtre de combats les plus acharnés ; un meurtre même, fut à déplorer en ces circonstances. Néanmoins, Marie, Reine de la Paix, ne laissera pas son royaume tomber aux mains de Satan. Lui fallut-il une victime pour le sauver, ses yeux clairvoyants sauront la découvrir sans peine.

Ils s’arrêteront selon sa coutume, sur une humble pastourelle, fleur de candeur et de simplicité, qu’elle cueillera dans le maquis et façonnera de ses mains virginales, pour la rendre propre à remplir son rôle de victime réparatrice.

Madeleine PARSI, communément appelée « Lelléna »

sera cette victime choisie au cours de ce récit.

Martyre dans son esprit, dans son cœur, dans son corps, en un mot dans tout son être, rien ne lui sera épargné, pour concourir dans la mesure du possible, au salut de sa petite Patrie, sa Corse bien aimée.

Pour l’aider dans sa rude mission de victime, l’auguste Mère de Dieu, fidèle à la promesse qu’elle fit un jour à son enfant privilégiée, aura toujours « ses regards divins attachés sur cette douce et courageuse petite créature » déjà plus céleste que terrestre.

Les origines de la famille de Lelléna PARSI

Le village de Campitello compte dans ses trois hameaux : Bagnolo, Progliomo, Panicale, environ cinquante familles. C’est dans ce dernier, que va naître l’enfant de prédilection de la Vierge Marie.

Son père, François PARSI, originaire d’Asco, (arrondissement de Corte,) pasteur de brebis, appartenait à une famille composée de 9 enfants, laquelle avait primitivement possédé de nombreuses terres et beaucoup d’animaux domestiques.

François Parsi était un homme juste, d’un caractère pacifique, profondément chrétien et d’une exquise charité, qui le faisait chérir tous ceux qui le connaissaient. Il avait épousé en 1876 Françoise MARCELLI, native de PIETRALBA, arrondissement de Corte et fille de Paul-Félix LORENZI.

Mais à la suite de luttes politiques et de services pécuniaires rendus par les siens, au cours d’une année de disette qui désolait le pays, la fortune finit par sombrer et la misère vint, un jour, s’asseoir au foyer.

La jeune femme se trouvait également sans fortune, son grand-père Antoine-Taddée LORENZI, médecin, ayant dans les mêmes luttes politiques, aliénés  tous ses biens.

Le jeune ménage pauvre des biens de la terre, mais plein de foi, de courage et de confiance en la bonté divine, élèvera dans la crainte de Dieu, une famille de 8 enfants, parmi lesquels figure « Lelléna », la petite fleur du maquis qui semble avoir été bénie du ciel dans le sein de sa mère.

Elle fit son entrée dans la vie, le 29 Novembre 1884. Ce fut le 14 Décembre qu’elle reçut le sacrement de Baptême, dans l’église paroissiale de Saint-Pierre-aux-Liens, des mains de son curé Mr BONIFACI. Son parrain se nommait Michel-Ange GRAZIANI et sa marraine la veuve CASANOVA. Elle eut pour patronne de Baptême Sainte Marie-Madeleine, la grande amante de Jésus.

Dans la nuit du 1er au 2 Novembre 1884, Madame F.Parsi atteinte des fièvres paludéennes, avait longuement prié, se recommandant à tous les saints dont on allait célébrer la fête.

Une femme d’un certain âge, modestement habillée, portant un mouchoir blanc sur la tête, entre et lui tient ce langage:»tu as assez prié, tu es malade, repose-toi, mais récite cette prière : « fiat volontas tuas ; benedictus fructus ventris tuis nobis » et elle disparut. Madame PARSI crut reconnaître en elle, Sainte Anne, dont la présence s’affirmera plus tard, dans les faits merveilleux qui se dérouleront à Campitello. Ces paroles dont elle ne comprend pas le sens et qu’elle n’aurait osé considérer comme un heureux présage de ce que serait un jour l’enfant qui devait naître d’elle, lui fait cependant impression et se gravent profondément dans son esprit

Dès sa plus tendre enfance, Lellèna se sentit comme attirée vers la piété et la pénitence. La vieille tante Marie LORENZI (il sera souvent fait mention de cette sainte femme, dans les évènements qui se dérouleront à Campitello) femmes de mœurs candides, d'une piété simple et ingénue, fortifiait en la chère petite, les bons enseignements reçus au foyer paternel. L'enfant parlait à peine, qu'elle l'exerçait à réciter l'Ave Maria. A l'âge d'environ quatre ans, Lelléna tomba malade. Sa mère qui souffrait d'une rage de dents, avait près d'elle une fiole d'acide nitrique. Marinecia, sœur aînée de Lelléna, fait absorber à sa petite sœur en guise de sirop, une cuillérée d'acide nitrique. Aussitôt, l'enfant tomba comme morte et resta ainsi sans connaissance durant quatre jours.

Lorsqu'elle revint enfin à la vie, toutes ses dents tombèrent et la muqueuse de la bouche n'était plus qu'une plaie. Dans un âge si tendre, Lelléna prit contact avec la douleur qui sera son partage tout le cours de son existence.

La piété de cette créature privilégiée, s'accroît à mesure qu'elle grandit.

À 8 ans, sa mère la surprend la nuit en prière, égrenant dévotement les trois chapelets qu'elle possède, dont l'un des douze apôtres, l'autre de l'Immaculée et le dernier, le chapelet ordinaire de la très Sainte Vierge.

La tante Marie Lorenzi ayant dit à la chère petite, qu'elle avait commencé à jeûner à l'âge de 9 ans, Lelléna demanda à sa mère, la permission de l'imiter. L'ayant obtenue, elle se mit à son tour, à jeuner deux fois par semaine: le mercredi et le samedi.

Obéissante et dévouée, elle aide sa mère dans les soins du ménage, va ramasser du bois sec, conduit l'âne au moulin, lequel est assez éloigné de la maison paternelle.

Un jour sur le sentier d'Accendi-Pipa, la petite charge de blé glisse et tombe à terre. Il n'y a personne pour aider Lelléna à la remettre sur le dos de l'animal.

Alors l'enfant se met en prière et tandis qu'elle priait, elle aperçoit à quelques pas d'elle, une médaille toute brillante. Elle la prend avec grand respect, invoque ardemment le Saint qu'elle représente et le supplie de lui venir en aide dans son grand embarras. A peine a-t-elle achevé sa supplique, qu'elle saisit de ses petites mains le sac gisant sur le sol, et, sans qu'elle puisse s'expliquer comment cela s'est fait la charge est remise sur le dos de l'âne. Lelléna, toute joyeuse, peut alors arriver au moulin, sans nouvel encombre. De retour à Panicale, la fillette montre aux uns et aux autres, la jolie médaille qu'elle a trouvée en cours de route. On lui explique qu'elle représente San Benedetto, Saint Benoît. Alors dans sa naïve candeur, elle pense que cela veut dire un saint béni. Telle fut la première rencontre de l'illustre Patriarche Saint Benoît, avec celle qui devait entrer plus tard dans la grande famille bénédictine, et qu'il daigna, si souvent, honorer de son auguste présence sur cette terre d'exil.

La petite Lelléna, en compagnie de son frère Jean-Baptiste et de sa sœur aînée Mariuccia, commence à fréquenter l'école du village. Il lui faudrait bien un petit livre de lecture, mais les besoins de la famille sont nombreux et il n'y a pas d'argent à la maison. Force est donc de renoncer à l'achat du livre tant désiré. Or, un jour se rendant à l'école qu'elle n'est pas sa surprise de trouver sur un mur, dans la campagne, une pièce de 0,50 centimes. Cette heureuse trouvaille lui permet de se procurer le petit livre si nécessaire et le seul qu'elle ait possédé, jusqu'au jour où elle dut quitter l'école, à son grand chagrin et au vif regret de sa maîtresse charmée de l'intelligence de la fillette, comme aussi de sa docilité.

Nous verrons dans le cours de sa vie, la divine Providence lui procurer, en certaines occasions, d'une façon mystérieuse, les ressources pécuniaires nécessaires à ce dont elle aura besoin.

Vers la même époque, elle avait à peine 8 ans, son père était allé à Asco, son pays natal, vendre la part des biens qui lui étaient échus. L'un de ses parents lui avait donné en paiement de ce qu'il lui devait, 16 agneaux.

À défaut de sa sœur aînée Mariuccia, qui ne se souciait pas d'aller mener paître le troupeau, on le confia à la garde de Lelléna, qui le conduisit au- delà du torrent du Casalèse, près de la fontaine de Mondulo-prête. La chère enfant dont la piété s'accentuait avec l'âge, allongeait toujours la longue chaîne de prière, qu'elle avait pris l'habitude de répéter quotidiennement. Aux trois chapelets dont nous avons déjà parlé, la petite pastourelle ajoutait encore:6 Pater, Ave et Gloria en l'honneur de l'Immaculée Conception. Plus tard, en 1899, au mois de Décembre, elle revêtira les deux livrées de Marie.

Un jour qu'elle était à Mondulo-Prète, entourée de ses agneaux, la pensée lui vint que si elle faisait le serment de les réciter tous les jours, ce serait le meilleur moyen de n'y manquer jamais. Elle avait pleine conscience de la valeur de l'acte qu'elle allait librement accomplir. Se recueillant alors, et tombant à genoux, elle baisa le revers de sa petite main, comme le font les enfants, puis elle la lève vers le ciel en disant : « Oh ! Bienheureuse Vierge Marie, je JURE de réciter tous les jours : 6 pater, Ave et Gloria en l'honneur de votre Immaculée Conception et 7 Pater, Ave et Gloria en l'honneur de Notre-Dame du Mont-Carmel ».

Depuis cette époque, elle n'y a jamais manqué. La nuit même qui précéda sa mort, elle fut fidèle à sa promesse. Si parfois, elle oubliait de le faire, son Bon Ange Gardien, auquel elle avait confié le soin de le lui rappeler, la réveillait avant minuit à ce sujet, et, aussitôt, sautant à bas de son lit, elle les récitait immédiatement. Pendant le mois de Marie, sa ferveur redoublait d'intensité, et son recueillement était encore plus accentué de ce fait qu'au lieu de voir son Curé M. l’Abbé Burési, prêtre très pieux et très zélé, agenouillé selon sa coutume, au pied de l'autel, elle le voyait par côté, élevé de terre, sur un nuage, les yeux tourné vers la Sainte Vierge...

Si elle n'en parlait à personne raconta-t-elle plus tard, c'est qu'elle était persuadée que tous voyaient la même chose qu'elle.

Très fréquemment, l'âme de la petite Lellèna était envahie d'une grande tristesse, dont elle ne devinait pas l'origine .Devant ses yeux, elle apercevait un nuage affectant une forme particulière, nuage tantôt sombre, tantôt clair, qui ne l'empêchait pas cependant de voir à travers les objets qui étaient devant elle, absolument comme si ce nuage n'existait pas, mais qui la portait à prier ardemment. Elle reconnut plus tard, pendant la Grande Guerre, que le susdit nuage affectait la forme de l'Italie, peu de temps avant que cette Nation n'entrât en guerre à nos côtés.

Elle s'exclama alors : « L'Italie souffrira ! » Voici les circonstances de ce terrible accident. L'enfant était montée sur une chaise, pour puiser un peu d'eau dans la marmite. Par malheur, la chaise bascula, le trépied tout brûlant était encore sur le feu. En tombant le bras de la fillette s'engagea dans le trépied, et sa main droite dans le feu ! Lorsqu'elle put la retirer, une partie de la peau du bras et des doigts de la main droite est arrachée par les dents encore toutes chaudes du trépied ! Il fallut user de violence pour les séparer. Nuit et jour, Lelléna endura d'atroces souffrances...!

A la suite de cet affreux accident ; il lui vint une tumeur à la hanche, que sa mère dut ouvrir avec un rasoir.

Pendant une nuit, comme Lelléna se promenait dans une chambre à côté de ses parents, il lui parut tout à coup, qu'il n'y avait plus de toit au-dessus de la maison et que le feu tombait, dit-elle, bien « vitement » du ciel, et que la terre bouillonnait aussi du feu (elle sentait que c'était comme des choses qui devaient venir, et craignait que les siens n'eussent se trouver là). Elle crut qu'il s'agissait de la fin du monde, et demeura si effrayée de ce qu'elle avait aperçu, et dont le ciel ne lui permettait pas de parler, qu'on crut que sa mort approchait.

Ses parents la voyant visiblement dépérir, lui demandèrent ce qu'elle souffrait plus qu'à l'ordinaire, car elle fondait et mourait de faiblesse. Ne pouvant livrer son secret, elle se contenta pour toute réponse, de montrer son bras en disant: « vous voyez bien ce que je souffre ».

Cette même vision se reproduira deux autres fois, en septembre 1904: il lui sera demandé de prier et de souffrir.

Pour la troisième fois, le 10 Mars 1905, tandis qu'elle était en prière, elle se voit transportée en esprit, à un endroit qu'elle désigne. Tout à coup, les fléaux du Bon Dieu, commencent à tomber du ciel. La description qu'elle en donne devait se réaliser 10 ans plus tard, en 1915.

Lelléna se jette à genoux, en implorant la divine miséricorde à son secours. Nous lirons plus loin, le récit qu'elle nous en fit, avec la permission divine.

Les autres apparitions en France...

La Vierge Marie après avoir au siècle dernier visité en tous sens la France, son royaume de prédilection : Paris d’abord en 1830, La Salette 1846, Lourdes 1858, Pontmain 1871, Pellevoisin 1870, daigna en 1899, tourner ses regards maternels, vers ses régions hors côtes, la Corse, surnommée l’Ile de Beauté.