Corse : Les Apparitions de la Vierge à Campitello
Corse : Les Apparitionsde la Vierge à Campitello

L'année 1910

Le ciel prépare à Lellèna une compagne...

Lelléna après cette épreuve si pénible à son honneur, mais dont elle est sortie triomphante et grande aux yeux de tous, va-t-elle enfin, jouir d'un repos moral ? Il n'y a guère lieu de l'espérer... elle goûtera seulement une accalmie, qui lui permettra de refaire ses forces, pour de nouvelles luttes sur un autre terrain.

Lors de son séjour à Marseille en 1906, un jour qu'elle se trouvait en compagnie de la jeune fille juive convertie, celle-ci, éclairée par une lumière d'En-haut, fit à brûle pourpoint, dans la rue, à Laina, la déclaration suivante : « Voyez-vous cette personne qui passe, c'est une religieuse sécularisée, avec laquelle vous vivrez plus tard. »

 

En effet, le 19 septembre 1908, la susdite personne signalée, ayant incidemment entendu parler des faits de Campitello, s'y rendait, mue par une inspiration à laquelle elle ne pouvait résister...

 

Elle eut alors une première entrevue avec Lelléna, entrevue qui devait par la suite, changer l'existence de l'une et l'autre. Toutefois, ce ne sera que 2 ans plus tard, en 1910, qu'elles habiteront désormais sous le même toit à Campitello.

 

Durant cet intervalle de 2 années, lelléna, toujours inconsolable de la perte de sa vie religieuse, se rendra parfois à l'Abbaye d'Erbalunga, dont le nouvel aumônier, le Révérend Père Pastoural, religieux bénédictin, portant un grand intérêt à la chère novice exilée, souhaitera sa réintégration au monastère. Mais il se heurtera invariablement à un « non possumus ». Il n'entrait sans doute pas dans le plan divin qu'il en fût ainsi... Dieu avait d'autres desseins, sur cette créature privilégiée de la Mère des Douleurs, comme nous le verrons dans la suite.

La catastrophe du Chanzi...

Le 6 février 1910, le Dimanche gras, Lelléna, après avoir payé son tribut de souffrances physiques, le vendredi précédent, communie avant la Messe Paroissiale, à l'église Saint - Pierre. Durant son action de grâce, « Elle voit en esprit, Ô terreur ! Le bateau Chanzi... sautez ! »

Quelle n'est pas son émotion durant le saint Sacrifice de la Messe, et les prières ardentes qu'elle s'empresse d'adresser au Ciel, en faveur des nombreuses victimes de cet effroyable accident.

En sortant de l’église, son amie intime, Antoinette Graziani, remarque l’altération des traits, de sa compagne, et lui en demande la raison, Lelléna la lui fait connaître simplement. Quelques jours après cette confidence, on apprenait officiellement par la presse, l’horrible catastrophe qui s’était produite le mercredi des Cendres, 9 février.

Le dard lumineux...

Le 24 février 1910, Lelléna en compagnie d'Antoine Graziani, descend au Champ des Apparitions, et ensemble, récitent le Rosaire. « Tout à coup, apparaît un Ange, tenant en sa main un dard lumineux. L'envoyé céleste s'approche de la douce victime, et, soudainement lui enfonce dans le cœur, cet instrument de souffrance », puis disparaît dans les airs.

Subitement Lelléna foudroyée sur le coup de cette douleur extrêmement vive, s'affaisse dans les bras de sa compagne, qui, elle aussi avait perçu ce dard !

Revenue à elle et grandement émotionnée, la chère privilégiée remonte péniblement au village, appuyée sur le bras de la pieuse et discrète Antoinette.

Toutes deux, conservent au plus intime de leur âme, le souvenir de cette prodigieuse merveille, dont l'une fut l'objet, et l'autre le témoin étonné et grandement ému... Ce ne sera que longtemps plus tard, que Lelléna, sera amenée à faire à Madame D. le récit de la susdite merveille.

Pèlerinage de Cervione...

Trois pèlerinages partent de Cervione pour Campitello. Le premier s'effectue à la date du 1er mai 1909. Sur quatorze membres présents, 9 sont favorisés de visions.

Le deuxième à lieu le 7 septembre de la même année. On compte 7 voyants sur 22 personnes faisant partie de la pieuse caravane.

Enfin le troisième s'effectue le 14 mai 1910. Dix-huit pèlerins s'acheminent vers le Champ béni, 5 parmi eux, sont également privilégiés.

Une guérison remarquable est signalée au premier pèlerinage. La jeune fille qui en est l'objet, dépose un ex-voto, en reconnaissance à l'église de Saint-Pierre-aux-liens, à Campitello.

La haute piété dont ces personnes sont animées, ajoutée aux ardentes supplications de Lelléna, fait qu'il se produit à Campitello, comme un renouvellement de grâces d'antan, et concourent à l'obtention de multiples faveurs, accordées à ces divers pèlerinages.

Certaines de ces Dames ont eu, à plusieurs reprises, la joie de respirer les suaves parfums qui de temps à autre, s'exhalent de la personne de Lelléna et ont emporté d'elle, un sentiment de sincère vénération.

Démarches entreprises par une sommité ecclésiastique dans le but de faire admettre Lelléna dans un Carmel de France – 1910...

Le temps passe Lellèna n'a plus espoir de pouvoir rentrer d'une façon définitive dans sa chère Abbaye Bénédictine d'Erbalunga... C'est pour elle une telle douleur, qu'elle dépérit et verse d'abondantes larmes. Constatant cet immense chagrin, un ecclésiastique de marque, conseille fortement à la chère enfant de tourner ses regards vers un autre monastère, dans l'espoir d'y rencontrer une vie de Communauté correspondant à ses attraits.

Les démarches qu'il entreprend à ce sujet, ont pleinement abouti... La jeune fille est acceptée. Un Carmel de France se dispose à lui ouvrir volontiers ses portes... Tout est prêt pour la recevoir. Mais un problème des plus graves, se dresse de toute sa hauteur devant les yeux de la future postulante carmélite. « Entre-t-il vraiment dans les desseins divins, qu'elle quitte l’ordre de Saint-Benoît pour celui du Carmel ? »

Lelléna implore avec toute l'ardeur de son âme virginale, le Maître de nos destinées et de la Vierge du Bon - conseil « la lumière qui éclairera son intelligence, et le Signe lui indiquant clairement la voie qu'elle doit suivre pour accomplir fidèlement le bon plaisir Divin ? »

La réponse ne se fait pas attendre. « Le signe est accordé ». Tout à coup, le 19 mars 1910, alors qu'elle est en prière dans l'église paroissiale, Lelléna ressent les premiers symptômes « d'une maladie des plus graves qui mettra ses jours en danger et apportera un obstacle invincible, à l'accomplissement de son départ pour le Carmel ».

La petite fleur du maquis ne devait pas s'éloigner du lieu qui l'a vue naître et où « elle dormira son dernier sommeil, en face du Champ béni des Apparitions. »

 

Lisons maintenant le résumé de cette maladie « mystérieuse » arrivée si providentiellement, et dont elle se relèvera un jour, pour continuer son apostolat à Campitello.

La grave maladie de Lelléna...

Cette grave maladie se déclare subitement le 19 mars 1910, ainsi que nous l'avons relaté précédemment.

Écoutons le récit qu'en fait son propre Curé, M.Albertini :

« La douce victime dont les souffrances sont atroces, demeure pendant plus 40 jours au lit, et constamment couchée sur le dos. Elle ne peut d'elle-même se mouvoir.

Son unique nourriture consiste en deux trois cuillerées de bouillon par jour, que sa mère lui fait absorber avec difficulté .pour toute boisson, elle ne prend que de l'eau de la fontaine des apparitions. Ses douleurs sont telles, qu'elle se tord littéralement dans son lit. Du dehors, on entend constamment ce cri plaintif : « O Signorello ! O Madonnuccia ! »

Le docteur Nicolaï, son oncle, qui la soigne, déclare : « C'est une maladie extravagante, je n'y comprends rien ! »

La malade se plaint de souffrances aux reins, à l'estomac, à la tête.

Un docteur de Cervione, consulté, explique que lorsque les rhumatismes atteignent la tête et l’estomac, il n'y a plus rien à espérer: c'est la mort qui s'en suit.

Lelléna demande et reçoit l'Extrême Onction, elle perd connaissance Pauvre petite violette des champs ! Elle s'étiole vite... Sa vie ne tient plus qu'à un fil.

L'arôme de son innocence, exerce des charmes puissants sur toutes les personnes qui accompagnant le Saint Sacrement, se tiennent ensuite agenouillées pieusement au pied de cette couche, qu'entourent invisiblement les Anges.

Quand Lelléna prononce avec le prêtre : « Domine, non sum dignus », des effluves célestes s'exhalent de sa personne. Il semble pour tous, qu'elle n'appartient déjà plus à cet exil ; qu'elle rêve des enivrements de l'Au-Delà dévoilé !

Peu après la cérémonie, son Curé et quelques personnes s'approchant d'elle, remarquent sur ses traits comme l'aspect de l'Ecce Homo, et en sont profondément frappés.

Lelléna semble proche de sa fin.

Vainement Saint-Benoît qui, tant de fois au cours de l'existence de la malade lui a donné des marques particulières de sa protection spéciale est-il invoqué en sa faveur « pour une guérison qui lui permettrait d'entrer au Carmel de France, où elle est attendue »

Bénédictine elle a été, Bénédictine elle devra vivre et mourir !

N'a-t-elle pas vu d'ailleurs en songe, peu après son licenciement de l'Abbaye d'Erbalunga, venir du continent, un groupe de religieuses de cet Ordre, auquel elle devra se joindre ?

La réalisation s'en fera, hélas ! Attendre encore, mais la Volonté Divine sera exécutée à l'heure d'En-Haut, comme on le lira plus loin.

Et c'est ainsi que la Divine Providence veillait sur la petite violette des champs étiolée.et la ramenait à l'existence, afin qu'elle continuât de travailler à l'œuvre pour laquelle elle avait été choisie dans les décrets éternels...

Elle reprit insensiblement vie, au point que le 15 mai 1910,Dimanche de la Pentecôte, elle se rendit pour la première fois à l'église paroissiale, au milieu d'un groupe de pèlerines cervianaises qui purent , de même qu'aux précédents pèlerinages, respirer les mystérieuses effluves s'exhalant de la petite martyre, laquelle ne devra pas quitter la Corse.

Les autres apparitions en France...

La Vierge Marie après avoir au siècle dernier visité en tous sens la France, son royaume de prédilection : Paris d’abord en 1830, La Salette 1846, Lourdes 1858, Pontmain 1871, Pellevoisin 1870, daigna en 1899, tourner ses regards maternels, vers ses régions hors côtes, la Corse, surnommée l’Ile de Beauté.