Corse : Les Apparitions de la Vierge à Campitello
Corse : Les Apparitionsde la Vierge à Campitello

Première apparition – 26 juin 1899 :

Le lundi 26 juin 1899, j'avais fait la sainte Communion à la messe. Vers onze heures, au moment où les enfants sortaient de l'école, une de mes compagnes, à peu près de mon âge, nommée Perpétue LORENZI, est venue me demander si je voulais aller chercher du bois avec elle, pour sa mère qui allait pétrir le pain.

Je me suis sentie tout de suite portée à dire oui, malgré la chaleur qui était très forte et c'est avec une grande joie au cœur, joie et désir que je ne m'expliquais pas, que je l'accompagnai immédiatement, malgré les craintes de ma mère, car j'avais les jambes malades.

Après avoir passé le Cas alèse, et en route pour faire notre fagot, vers midi, arrivées au-dessus de la fontaine Modulo-Prête, tandis que nous causions ensemble du bonheur que j'avais eu de communier, de mon désir de me faire religieuse et que je lui apprenais, en marchant, les prières pour qu'elle puisse être admise à la 1ère Communion, car elle ne savait pas lire et désirait vivement les savoir, tout à coup, nous avons entendu des chants merveilleux, des chœurs tellement beaux qu'on ne peut pas le dire !

 

C'était un Cantique, dont voici le refrain :

 

«  La voix du peuple fidèle

Chante à l'envie ton bonheur ;

On t'appelle toute belle

Oh ! Mère du Rédempteur

Car la tache originelle

Jamais n'a souillé ton cœur  »

 

Toutes surprises, nous avons entendu deux couplets et en cherchant d'où venaient ces voix admirables, comme il y avait divers arbres, des noyers qui nous cachaient Fornivecchio, l’endroit d’où paraissaient venir ces chants si mélodieux, toutes deux, sans plus parler, nous courons vers le lieu qui nous permettrait de voir les personnes qui chantaient.

Mais les chants ayant cessé, nous voyons de suite, au-dessus du rocher, environ à la distance de 60 mètres à vol d’oiseau (ce rocher au-dessous duquel depuis a jailli la fontaine), apparaître une belle, si belle Dame, qu'on ne peut le dire.
Elle était de belle taille, tout habillée en blanc, avec un voile bleu-ciel en forme de manteau.

Des rayons lumineux formaient une couronne sur sa tête. Ses pieds nus étaient posés sur un nuage et nous distinguions même les ongles, tant la clarté qui l'environnait était grande. Sa figure était d'une beauté dont on ne peut se faire idée. Ses yeux regardaient le ciel et ses mains étaient jointes, dans l'attitude de la prière.
Toutes deux, transportées de joie, de surprise, d’émotion, nous tombons à genoux, nous écriant ensemble : « O Madona Sanctissima ! Oh ! C’est la madone ! »
À ce cri de notre cœur, elle a baissé les yeux et nous regardant en souriant, nous a montré en avançant la main, un chapelet blanc tout brillant, de moyenne grandeur... et nous avons compris à son geste, qu’Elle nous invitait à prier.
Alors j’ai sorti de ma poche, mon chapelet et comme Perpétue n’en avait pas, je lui ai prêté mon petit chapelet de l’Immaculée Conception, que je me trouvais avoir également sur moi.
Puis nous avons récité le chapelet ensemble, toujours en regardant la belle Dame, que nous ne pouvions nous lasser de contempler ! Après un temps qui nous a paru à peine quelques minutes, la Très Sainte Vierge, de la main droite, a tracé sur nous un grand signe de croix, toujours en nous souriant et s'est élevée en ouvrant les bras vers le Ciel, où nos regards l'ont suivie, jusqu'à ce qu'elle ait complètement disparu...

C'est alors que nous nous sommes aperçues, à notre grand étonnement, que le soleil était déjà couché depuis longtemps ; il pouvait être 8 heures du soir. Qu'allait-on penser de notre longue absence ! Et nous n'avions pas ramassé du bois encore ! Nous allions être grondées ; nos mères devaient être inquiètes...
Pour rentrer plus vite, nous sommes parties par le chemin opposé à celui que nous avions pris. En hâte, nous avons ramassé un peu de bois, tout en causant de ce qui nous était arrivé, puis nous nous sommes séparées au village.
En rentrant chez mes parents, je suis allée tout droit dans ma chambre et j'ai continué à dire mon rosaire, sans parler de rien à ma mère, qui avait été inquiète de ma longue absence et avait demandé en vain aux uns et aux autres, si l’on m’avait rencontrée.
Un instant après, j’entends la mère de Perpétue qui demande à ma mère : « Où est Lelléna ? Il faut que je lui demande si c’est vrai ce que m’a dit dit ma fille pour excuser sa longue absence : qu’elles ont vu ensemble la Sainte Vierge ! » Ma mère lui répond : « Mais Lelléna ne m’a rien dit du tout, elle ». Alors ma mère m’appela devant elles deux, et me demande si c’est vrai que nous avons vu la Sainte Vierge ? Je lui ai répondu simplement « Oui ! Mais pourquoi avez-vous battu Perpétue ? » Et ma mère de dire : « Oh ! Les menteuses, on va vous appeler folles ! » Et moi je n’ai rien répondu et je suis repartie dans la chambre.
Dans le pays le motif de notre longue absence a été connu immédiatement car la mère de Perpétue parlait très fort et mon père, en rentrant de la campagne, m’a demandé doucement, en me prenant sur ses genoux, de lui raconter la chose. Tout ému, il pleura en m’écoutant et y a cru tout de suite, lui, puis il s’est mis à genoux, et nous avons récité ensemble un chapelet.
L’endroit d’où j’ai entendu les chants est justement celui où toute petite, en gardant les agneaux de mon père, une fois j’avais spontanément juré à notre Mère du Ciel, de lui dire tous les jours de ma vie : 6 Pater, Ave et Gloria à Notre Dame du Mont Carmel et les 15 dizaines du rosaire. J’avais levé ma petite main vers le ciel, après l’avoir baisée en signe de serment. Je pensais en moi-même : cela m’empêchera de jamais l’oublier, et puis j’avais recommandé à mon bon Ange gardien de me le rappeler en cas de besoin, ce qu’il a toujours fait.

J’AFFIRME devant la Très Sainte Trinité, la très Sainte Vierge, mon bon Ange gardien, mes Saintes patronnes : Ste Marie Madeleine et Ste Catherine d’Alexandrie, que tout ce que je viens d’écrire, par obéissance, est la pure vérité ; que j’ai VU, comme je le dis plus haut, la Très Sainte Vierge, malgré mon indignité ! J’avais 14 ans.

 

Château de la Costa (Belgodère)
25 Novembre 1927

Les autres apparitions en France...

La Vierge Marie après avoir au siècle dernier visité en tous sens la France, son royaume de prédilection : Paris d’abord en 1830, La Salette 1846, Lourdes 1858, Pontmain 1871, Pellevoisin 1870, daigna en 1899, tourner ses regards maternels, vers ses régions hors côtes, la Corse, surnommée l’Ile de Beauté.