Corse : Les Apparitions de la Vierge à Campitello
Corse : Les Apparitionsde la Vierge à Campitello

Guérison d’un soldat blessé, par le port du drapeau du Sacré-Cœur...

Le fait est de notoriété publique. Le prodige a lieu le vendredi 15 juin 1917, solennité de la fête du Sacré-Cœur à Campitello. Le soldat guéri ainsi est Jean-Martin Parsi, le plus jeune des frères de Lelléna Parsi.

Le jeune soldat Jean-Martin Parsi reçut vaillamment, durant la guerre, le baptême de feu. Bon chrétien, il fut bon soldat. Depuis plus de trois mois et demi, une balle lui avait troué la main droite, à la base de l’annulaire, brisant et enlevant en grande partie l’os correspondant du métacarpe. On le renvoie à sa famille, en congé illimité de convalescence.

À jour fixe il se rend en traitement à l’hôpital de Bastia.

La blessure est cicatrisée, mais l’ankylose est irrémédiable.

À vie, sa main droite demeurera percluse. Quel sacrifice pour un travailleur ! Résolument, il en prit son parti.

Le 15 juin 1917, en Corse comme dans toute la France, la fête du Sacré-Cœur fut célébrée avec enthousiasme. À Campitello, on prépare une splendide procession. Le matin, on a béni solennellement le drapeau national, sur lequel l’apposition d’un beau « Sacré-Cœur » tout radiant, rappelle que le Christ aime les francs et veut les mener à la victoire.

L’honneur de le porter échoit naturellement à un officier permissionnaire ; il est là pour la fête ! L’heureuse coïncidence ! On l’invite chaleureusement. Il s’excuse. On insiste. Avec insistance, lui aussi, il réitère son refus, courtois, mais formel !pour nous ne jugeons pas ce refus et voyons tout simplement ici, ce qu’il fait si bon voir, la Providence. Elle s’expliquera bientôt, et ce sera par un miracle.

N’empêche que, pour M. le Curé, l’embarras est réel. A qui s’adresser ? Dans tout le village, pas un autre soldat valide en permission.

Et Jean-Martin ! À coup sur, on songe à lui, car il est là. Porter le drapeau du Sacré-cœur, quel honneur pour sa foi robuste !

Mais le peut-il ?

Il avait essayé de soulever une cuiller : impotence totale, ses pauvres doigts restent allongés, endoloris, inertes ; toute flexion leur est interdite.

« Pourtant, dit-il ensuite, une bonne main en vaut deux, et ma gauche est indemne. Va pour la main gauche. Bien volontiers, j’accepte d’être le porte-drapeau du Sacré-cœur. Quand à ma pauvre main droite, je l’appuierai contre la hampe sur le poignet porteur ; elle n’y fera pas trop mauvaise contenance, et je serai gaucher sans être gauche. Comptez surmoi, parole de soldat. Vive le Sacré-cœur ! Si l’on rit de ma gêne quel mal y voyez-vous ? »

L’heure venue la procession se déploie. Avec dignité, fierté, Jean-Martin Parsi remplit sa fonction. Non personne n’a souri. Est-il même bien sûr qu’aucune larme n’ait perlé sur les paupières de ceux qui constataient l’embarras du sublime estropié,

Et la cérémonie dura longtemps.

Pour la main valide, sur laquelle posait toute la charge, c’était dur. Elle ne fléchit pourtant pas, et c’est sans empressement qu’après la procession, elle déposa son lourd fardeau.

Le Sacré-cœur attendait ici son porte-drapeau !

Tandis qu’avec précaution, Jean-Martin, adosse à la muraille le Saint Etendard, il se sent guéri et tout à fait.

Instantanément la main blessée redevient saine ! Il n’y a plus ni paralysie, ni souffrance, ni raideur. Cette main totalement percluse, qui s’appuyait si rigidement tout à l’heure, sur la hampe portée, la voilà forte, flexible, tout aussi simple qu’avant la blessure.

Revenu de sa stupeur, l’heureux soldat examine, palpe cette main nouvelle, les cinq doigts s’agitent à qui mieux mieux. L’os parti est donc revenu ? Non, mais c’est tout comme.

Le miraculé le trouve même plus alerte et plus vigoureux.

Il remercie son Divin Bienfaiteur, qu’il a reçu le matin même dans la Sainte Communion, puis, se dégageant peu à peu de l’ovation qui lui est faite par la foule émerveillée et remplie d’émotion, il se remet le soir même, aux travaux du jardin de sa mère (alors que le matin de cette journée, M. le Curé de Canavaggia, avait dû lui couper à table son pain et ses autres aliments).

C’est avec la vigueur et la maîtrise d’avant guerre, qu’il manie tous les outils dont il se sert. Il passe de l’un à l’autre : bêche, coin de bois, cisailles, râteau fonctionnent à souhait !

L’inguérissable paralysie n’est plus qu’un souvenir.

Restait à prendre congé de l’hôpital militaire de Bastia. Au jour réglementaire, le consciencieux jeune homme se présente au Major : il sait ce qui l’attend : le congé illimité va prendre fin.

« Hé quoi Parsi ! dit le docteur, plus d’ankylose, plus de raideur. C’est prodigieux ! Que s’est-il passé ? »

« Docteur, vous me pansiez, Dieu me guérit ! » reprit le jeune soldat. Il raconte l’heureuse issue de la procession du Sacré-Cœur, et conclue : « À quand Docteur, mon retour au front ? »

« Mais mon brave vous êtes immédiatement mobilisable ! »

 

Et tandis qu’est signée sa réintégration au régiment, le sympathique soldat déclare que cette main nouvelle qu’il doit au Sacré-cœur, bien volontiers, il la voue au service de la France. Le saint jeune homme est mort au champ d’honneur, le 15 juillet 1918, au Bois-Roi.

Nota : Monseigneur Simeone, évêque d’Ajaccio, donna par écrit à l’auteur de cet article, Le Rd Père Benoît Jésuite de la Résidence de Bastia, décédé en Orient en 1929, l’autorisation de publier cette merveilleuse guérison. On peut la lire dans la Revue Mariale, rédigée par Monseigneur Bauron (15ème année n° 743 – samedi 29 janvier 1921).

Les autres apparitions en France...

La Vierge Marie après avoir au siècle dernier visité en tous sens la France, son royaume de prédilection : Paris d’abord en 1830, La Salette 1846, Lourdes 1858, Pontmain 1871, Pellevoisin 1870, daigna en 1899, tourner ses regards maternels, vers ses régions hors côtes, la Corse, surnommée l’Ile de Beauté.