Corse : Les Apparitions de la Vierge à Campitello
Corse : Les Apparitionsde la Vierge à Campitello

La voie douloureuse : les stigmates - Satan entre en jeu...

Suivons Lelléna dans sa voix douloureuse et citons un fragment d'une lettre qu'elle écrit, par obéissance à son Directeur :

« Dans la nuit du 3 au 4 Novembre 1904, à 9 heures du soir, j'ai été subitement prise d'une crise très violente de maux de dents, qui me prenaient toute la tête.

Après trois longues heures d'horribles souffrances, minuit a sonné.

J'ai été complètement quitte de cette souffrance, quand il m'a semblé voir Notre-Seigneur, devant moi, grand, beau, mystérieux, me montrant ses cinq plaies.

De chacune de ses divines Plaies, partait un rayon qui me communiquait des souffrances inexprimables dans mes pieds, mes mains et mon cœur, et j'ai passé ainsi toute la journée du vendredi... »

Vers trois heures de l'après-midi de ce même jour, Elena a encore une vision ; elle voit un grand pécheur sacrilège, pour la conversion duquel la Très Sainte Vierge, lui demande de l'aider...
Les stigmates restèrent visibles pendant quinze jours ; Lelléna  prenait les plus grandes précautions pour les cacher à son entourage. Ce n'est qu'à la dérobée que Sœur Geneviève s'en aperçut, le lendemain 5 novembre, à la grande confusion de la chère petite victime, qui eut voulu donner à entendre qu'il s'agissait de quelques égratignures.

Monsieur l'Aumônier de l'Abbaye (alors M.Susini), informé discrètement de ce merveilleux phénomène, chargea l'une des compagnes de Lelléna, Sœur Ste Julienne, de s'assurer de la vérité du fait. Cette dernière, à force de prières et d'affectueuses supplications, finit par triompher des résistances de la douce patiente et constate que les blessures se montrent sur les deux côtés à la fois, aux mains et aux pieds. 

Dans l'après-midi, Mrg. l'Aumônier entre à l'improviste dans la lingerie où Lelléna travaille, il la surprend tirant l'aiguille, et malgré l'habileté de la chère enfant à cacher ses mains, il constate la présence des stigmates.

Le vendredi suivant, 11 Décembre, fête de Saint Martin, évêque de Tours, notre petite fleur du maquis passe par de grandes souffrances ; le sang remplit les blessures ouvertes des stigmates.

Lelléna a une nouvelle vision, au cours de laquelle elle voit des choses extraordinaires se rapportant à la France, laquelle est déchirée par des luttes intestines ; au terme de cette vision, elle remarque une grande lumière se répandre sur la nation.

Soucieuse de l'empêchement que ses stigmates pourraient apporter à l'accomplissement de son emploi, elle demande à la Très Sainte Vierge que ses souffrances aient lieu de préférence la nuit ; la courageuse victime est exaucée.

Le 17 Novembre, faisant son Heure Sainte, les douleurs commencent dès neuf heures, dans les pieds. Elle est clouée sur place par la force des souffrances, jusqu'au lendemain matin 5 heures.

A ce moment tout cesse subitement, la chère victime quitte la chapelle, et sans prendre le moindre repos, elle vaque à son emploi comme à l'ordinaire.

Le 24 Novembre, ses souffrances se renouvellent et Notre-Seigneur fait apparaître aux yeux de sa généreuse fiancée, durant son adoration nocturne (pour son enseignement) ; toutes les vertus et tous les vices. Cela sans images, ni figures, mais comme dans les profondeurs de l’esprit.

Un peu après il lui en  donne l'explication. Lelléna voit alors la vertu de pureté dans son ineffable et sublime beauté.

Puis ensuite le vice de l'impureté dans toute son horreur ! Épouvantée de ce spectacle hideux, la jeune Vierge s'écrie : « Mon Dieu Pourquoi me montrer cela ? Pourquoi petite victime ? « Pour expier en union avec l'Agneau Divin les crimes des pécheurs ! Jésus n'a-t-il pas dit : « Une âme juste, a tant de pouvoir sur mon cœur, qu'elle peut obtenir le pardon de mille pécheurs à la fois ».

Nous verrons Sœur Marie-Catherine dans le cours de sa vie arracher au démon de bien nombreuses âmes, et cela par le moyen de ses souffrances expiatoires de tous genres.

Durant l'Avant et le Carême, aux souffrances physiques des vendredis, s'ajoutent de terribles souffrances d'âme. Ce sont pour elle des temps de désolation spirituelle... Elle sanglote sous leur action ! Le démon lui fait entendre, comme à tant d’autres victimes de la Justice divine, qu’elle est damnée, que ses communions sont sacrilèges, etc...

Sa douleur est telle qu’elle peut s’écrier après le Divin Maître : « Mon Dieu pourquoi m’abandonnez –vous ? Mais que votre volonté néanmoins, s’accomplisse ! »

C’est alors qu’une voix céleste se fait entendre à celle dans son oraison : « Mon enfant, tout ce qui se passe dans ton âme est très avantageux ; c’est Jésus-Christ qui agit, c’est son Œuvre. J’ai employé tout mon crédit pour te l’obtenir et Jésus le veut : c’est assez »

Cette voix n’est ce pas celle de la Mère du Ciel ?

Dans ces heures de troubles et d’âpre combat, elle est heureusement fortifiée et encouragée par son sage Directeur (M. Susini), lui-même éclairé d’En-Haut...

Le Divin Sculpteur ne s’arrêtera pas dans son travail de perfectionnement. Il voudra son œuvre belle, belle à son image ! Voyons-le buriner cette âme !

Chez Lelléna les visions internes succèdent, soit pour son enseignement, soit pour son réconfort, comme nous l’avons déjà fait remarquer.

En la fête du Sacré-Cœur, juin 1904, ses plaies rendent beaucoup de sang. Elle voit ensuite Notre-Seigneur Jésus-Christ tenant en sa Main Divine une coupe, dans laquelle il lui montre recueilli le sang sorti de sa poitrine, et pour l'assurer que rien n'est perdu de ce qu'on souffre pour sa Gloire et ne reste pas sans récompense, le miséricordieux Sauveur ajoute ces paroles : « Je ne suis pas un tyran ».

Un autre jour, Lelléna, retenue sur sa couche par l’excès de la souffrance, est privée, par cela même, du bonheur d’entendre la Sainte Messe ; elle a une extase dont elle rend compte en ces termes, à son Directeur : « Je m’étais endormie et vis arriver un saint personnage qui tenait dans sa main toute illuminée, une Sainte Blanche Hostie : elle était aussi grande que celle du prêtre ».

« Il s’est approché de mon lit, m’a parlé un instant en latin. Après ce bel entretien, qui j’ai compris et goûté parfaitement, il m’a communiée avec cette grande Hostie. Après j’ai senti et éprouvé les mêmes effets que lorsque je reçois réellement la sainte Communion, mais goûtant bien d’avantage mon bonheur ; les effets des Saintes Espèces se maintenant jusqu’au lendemain midi ».

Mais après ces consolation tés extases, sorte de halte de repos, il lui faut reprendre courageusement sa marche se renouvellent, et, montant son calvaire, à la suite de son Céleste fiancé, elle s’écrie d’un cœur brisé, mais résigné : « Puisqu’il faut boire tout le Calice... Fiat ! »

Souffrir dans son corps, souffrir dans son âme n’est pas assez. Il lui faut souffrir dans son esprit, comme son corps, souffrir dans son âme qui se renouvellent, et, résigné : « Puisqu’il faut boire tout le Calice... Fiat ! »

Souffrir dans son corps, souffrir dans son âme n’est pas assez. Il lui faut souffrir dans son esprit, comme le Divin Maître ! Pour la troisième fois elle voit les fléaux de la colère divine se répandre sur la terre, durant la nuit du vendredi au samedi 10 mars 1905.

Elle passe trois jours dans la frayeur, la prière et les larmes. Son Directeur lui donne l’ordre de lui en faire par écrit, le récit.

Elle obéit malgré sa répugnance. Nous copions textuellement l’original.

Mon bon Père.

Je veux tâcher de vous faire à la hâte et de mon mieux, ce que vous désirez.

L’année qui précédait ma première communion, je suis, par accident, tombée dans le feu et je me suis brûlée presque tout le bras droit, tellement qu’on a cru que je resterais estropiée. Je souffrais nuit et jour des souffrances atroces ! Pendant une nuit que je me promenais dans une chambre à côté de mes parents, j’ai vu tout à coup, qu’il n’y avait plus de toit au-dessus de notre maison et que le feu tombait bien vitement du Ciel, et la terre qui bouillonnait aussi du feu ; je me suis crue à la fin du monde.

J’étais tellement effrayée, qu’on croyait que je mourrais. Mes parents me demandaient ce que je souffrais de plus qu’à l’ordinaire, parce que je me fondais et que je mourrais de faiblesse.

Mais comme je ne pouvais rien dire, je montrais mon bras en disant : Vous voyez bien ce que je souffre et ce que j’ai été.

Pendant le mois de septembre dernier, j’ai eu aussi la même vision.

Le lendemain j’en étais malade, mais je ne pouvais rien dire non plus cette fois-là.

La semaine derrière, pendant une nuit que je me trouvais en prière, je me sui vue transportée en esprit, toute seule, isolée. Tout à coup les fléaux du Bon Dieu ont commencé à tomber du ciel : c’étaient de gros blocs de feu qui n’étaient pas comme le notre, mais au moins dix fois plus animés et brûlants, des flammes, des éclairs entortillés dans l’air ; c’était épouvantable, et tellement effrayant, que je croyais fermement que c’était la fin du monde ;

Je m’étais jeté à genoux, en implorant la divine miséricorde à mon secours.

Et puis j’ai vu la Sainte Eglise, c’est çà qui m’a donné espérance que ce n’était pas encore la fin du monde. J’ai vu le Saint Père transfiguré, assis sur un trône dans les nuages. Voici ce qui l’entourait et comment il était habillé.

Au-dessus de sa tête, il y avait une banderole avec quelques écrits seulement au-dessus de sa tête: « Tu es Petrus » et puis cette banderole s’allongeait de chaque côté du Saint Père en flottant dans les airs.

Il y avait deux Anges, qui tenaient d’une main la banderole, et de l’autre, ils touchaient bien délicatement la tiare de Notre Saint Père.

Le Saint Père avait un grand manteau doré par dessus et rouge en dessous, avec un magnifique surplis blanc et avec une étole de la même couleur que le manteau.

Il tenait à la main gauche son grand bâton à trois croix or, et il bénissait avec la main droite, seulement avec trois doigts.

Il y avait aussi deux autres Anges qui se tenaient à genoux priant, les yeux baissés.

Puis sous ses pieds le Pape écrasait le démon.

C’était une sorte de démon, tel que jamais je n’ai vu le pareil. Que le Bon Dieu puisse nous délivrer à jamais de cette espèce de bête effroyable !

Ce démon avait trois têtes, avec une grosse et longue queue de serpent tout entortillée, et de leurs bouches, elles lançaient des flammes foudroyantes, c’était comme un jet de feu.
Puis elles avaient des yeux tellement venimeux que, où elles jetaient leurs regards, et foudroyaient et empoisonnaient tout.

Je vous laisse, mon Père, en vous demandant votre bénédiction.

Votre petite enfant respectueuse : Madeleine.

Cette vision est corroborée par beaucoup d’autres, qui présagent des châtiments et de malheurs. Nous en rapporterons une ici: elle est du 19 Août 1904, et montre que, s’il y a tout lieu de craindre, il y aurait lieu de craindre, il y aurait aussi sujet d’espérer.

 

L’Immaculée conception et le drapeau français.

 

Ce jour-là, vendredi 19 Août 1904, vers 3 heures de l’après-midi, Lelléna entre en extase et voit l’Immaculée Conception et le drapeau français. Son Directeur lui ordonne de mettre cette vision par écrit. Nous la traduisons d’après l’original que voici :

 

« Mon vénéré Père en Jésus-Christ,

   C’est pour vous obéir, que je vous fais le récit de ce rêve ;

   Avant de me mettre à écrire, je me suis bien recommandée à Mari Immaculée »

Vendredi vers 3 heures de l’après-midi, 19 août 1904, il me semble avoir vu dans les airs, la Très Sainte Vierge; mais elle était différemment habillée que les autres fois. Je crois que c’était l’Immaculée Conception d’après la vision que j’ai eue.

Elle avait une grande et magnifique robe rose, avec une ceinture dont on ne pourrait jamais décrire la belle et ravissante couleur. On voyait briller ses beaux cheveux autour de son front, comme le disque du soleil coiffé à la Vierge. Elle avait encore un beau et grand voile bleu qui descendait jusqu’aux pieds, d’un bleu qui n’est pas comparable à celui qu’on voit sur la terre. Et à son côté gauche il y avait le drapeau français.

Je vois vraiment, mon Père, que c’était un arc-en-ciel qui resplendissait; à cause du délicieux parfum, dont la grande pureté de la Très Sainte Immaculée Conception embaume l’astre et la terre.

J’ai compris tout à coup, mon Père, que c’était un arc-en-ciel qui resplendissait ; à cause du délicieux parfum, dont la grande pureté de la Très Sainte Immaculée Conception, embaume l’astre et la terre.

Mais seulement, mon Père, le firmament était bien tristement sombre de tous les côtés, excepté, où se trouvait la Sainte Vierge, où alors c’était brillant. Et le drapeau, qui était pourtant bien près de ce resplendissant arc-en-ciel, pas une lueur de clarté ne se reflétait sur lui ; il était dans le sombre comme tout le reste.

Tout était triste, même la Sainte Vierge. Mais seulement, quand après, la Très Sainte Vierge disparaissait dans les airs, le drapeau est devenu brillant.

Je croix et j’ai la ferme confiance, mon Père, que la Sainte Vierge veut sauver la France ; car, quand Elle entreprend une œuvre quelconque, Elle ne manque jamais de triompher.

Mais avant que cela arrive, il y aura bien du sombre et des combats à soutenir, je crois.

C’est par obéissance et pour vous faire plaisir que j’ai écrit ceci.

Votre petite et respectueuse enfant : Madeleine

L’œuvre rédemptrice ne subira pas d’arrêt !

Dès lors, Notre Seigneur demande fréquemment à sa généreuse collaboratrice, des jeûnes cruels et prolongés. Ceux-ci sont mis en observation, par le zélé et prudent Directeur, avec une parfaite exactitude ; ils sont l’objet de la plus étroite surveillance.

La chère victime vit UNIQUEMENT de la Sainte Eucharistie. On l’oblige à prendre un peu de nourriture ; elle s’y prête dans la plus parfaite obéissance, mais ne tarde pas à rejeter ces aliments, malgré les efforts qu’elle fait pour les garder.

Néanmoins, en dépit de ces longues périodes de jeûnes, (18 mars au 28 avril), jeûnes qui se renouvelleront, elle vaque comme de coutume, à tous ses travaux journaliers avec la plus grande activité.

Un matin même, après avoir passé debout la nuit entière, le corps couvert de plaies brûlantes, tout à coup, celles-ci cessent au lever du jour, elle se met à pétrir, selon son habitude. Le pain de l’Abbaye.

Il est exact de dire, que toutes les souffrances effroyables qui viennent assaillir l’héroïque victime de Jésus, apparaissaient « en dehors du cours ordinaire de la nature ». Elles arrivent comme la foudre, sans aucun symptôme préliminaire; du premier moment, elles acquièrent une intensité effrayante ! La science humaine n’y peut rien... Puis leur mission accomplie, sur « un Signe du Maître », elles disparaissent aussi brusquement qu’elles sont arrivées, sans même l’ombre de convalescence.

Les autres apparitions en France...

La Vierge Marie après avoir au siècle dernier visité en tous sens la France, son royaume de prédilection : Paris d’abord en 1830, La Salette 1846, Lourdes 1858, Pontmain 1871, Pellevoisin 1870, daigna en 1899, tourner ses regards maternels, vers ses régions hors côtes, la Corse, surnommée l’Ile de Beauté.