Rappelons tout d’abord que la jeune fille convertie miraculeusement par Saint-Benoît, avec le concours de Lelléna, fit d’un commun accord avec cette dernière, le généreux sacrifice de ne jamais s’écrire. Ce sacrifice, sans doute très agréable au Ciel, fut récompensé par le « don de bilocation », qui leur a permis de se revoir plus de 15 fois de Belgique ou d’Arménie.
Dans ces visites plus ou moins courtes, elles se donnaient le baiser de paix et portaient à leurs lèvres la Médaille donnée par Saint-Benoît à la jeune juive, par l’entremise de Lelléna. L’heureuse convertie portait sur elle le précieux objet.
Les visites toujours inattendues, avaient lieu soit de jour, soit de nuit, dans la maison ou dehors. Souvent, elles comportaient un entretien concernant le développement futur des Apparitions. Leur triomphe, ou encore le bien de certaines personnes, ou de certaines âmes du Purgatoire, soit l’exposé des travaux de la juive convertie, le sort des siens, le soin que Lelléna devait apporter à souffrir généreusement les agissements divins dans l’intime de son âme, etc…
Mademoiselle A.S. avait, en outre, « le don de seconde vue », et un grand empire sur le démon.
Dans ces mystérieuses visites, il s’est toujours dit des choses, ou passé des faits, donnant une parfaite assurance de la réalité de ces rencontres extraordinaires. La compagne de Lelléna peut le certifier absolument.
Il y a plus : plusieurs personnes présentes à la maison durant l’une de ces visites, bien que n’ayant pas eu la faveur de voir la Visiteuse, ont senti les parfums exquis qui s’exhalaient d’elle, et en furent singulièrement impressionnées, lorsqu’on les instruisit du fait prodigieux qui venait de se passer tout proche d’elles. (L’intimité de ces entretiens, ne permet pas de les relater ici. Toutefois, sur la demande de l’Autorité compétente, il pourrait en être donné connaissance.)
Citons seulement ce charmant petit trait, parfaitement authentique qui se produisit à la date du 25 novembre 1911 : Lellèna va chercher pour le dîner, dans le petit jardin proche de leur maison, une ou deux carottes, pour les mettre dans le pot-feu. Le petit carré de terre où on les plante à la saison, n’en peut posséder d’avantage, car elles ont été arrachées depuis déjà longtemps, et la terre a été retournée à cet endroit. N’importe, elle y va quand même dans l’espoir d’en trouver quelques unes, si petites soient-elles. Et Lellèna de se pencher sur le petit carré de terre pour procéder à la trouvaille. Tout à coup apparaît à ses côtés, Mademoiselle A.S., qui après l’avoir embrassée, veut l’aider dans son travail… Qu’advient-il alors ? Ô merveille ! La jeune convertie arrache à pleines mains, des carottes de toute beauté, que Lelléna est toute joyeuse de rapporter au foyer, après le départ de sa sainte amie.
Elle raconte alors, sur le champ, à sa compagne émerveillée en voyant ces belles carottes, tout à fait hors saison, comment elle a pu se les procurer.
Sur ces entrefaites, arrive par la voiture faisant le service de la poste, M. le Chanoine Ricci. On lui prépare un grand plat de ces carottes succulentes, et d’un arôme sucré et c’est avec la plus vive satisfaction qu’il apprend leur merveilleuse provenance.