Corse : Les Apparitions de la Vierge à Campitello
Corse : Les Apparitionsde la Vierge à Campitello

La dispersion - 1902

L’œuvre néfaste des gouvernements maçonniques ne tarde pas à pénétrer en Corse. Celle-ci jadis si chrétienne, si indépendante d’esprit, se voit contrainte en quelque sorte, à renier son passé… Elle a défendu victorieusement ses églises contre l’inique loi des inventaires, mais ses écoles publiques sont laïcisées, ses institutions libres subissent le même sort, si elles veulent avoir encore droit à l’existence.

Madame l’Abbesse se voit pour des raisons pécuniaires, hélas ! Très sérieuses, obligée d’interrompre le courant ordinaire de la vie monastique des religieuses. Toutes déposent le Saint Habit, et bon nombre d’entre-elles doivent chercher asile dans leurs familles respectives.

 

Pour Lelléna, elle reste à l’Abbaye, où elle sera considérée par le gouvernement, comme domestique attachée au Pensionnat. L’humble novice est tout heureuse de pouvoir encore vivre à ce prix, à l’ombre des murs sacrés, témoins de tant de grâces qu’elle y a reçues. Mais privée de l’Habit, signe extérieur de sa donation à Dieu, elle veut, du moins, en graver sur sa chair, un emblème.

Elle trace donc, en secret, avec une épingle, une petite croix sur sa poitrine ; toutefois, celle-ci va bientôt miraculeusement s’agrandir et prendre les proportions suivantes : longueur 7mm, largeur 5mm, épaisseur 1mm et s’ouvrir souvent les vendredis, après cruelles souffrances, pour donner un sang très clair très pur, et se refermer sans jamais suppurer. Il en émanera un parfum exquis, indéfinissable, constaté par plusieurs.

Nous en reparlerons...

 

Jésus, le Divin Crucifié, heureux de ce témoignage d’amour, y répondra bientôt, en se montrant  fréquemment aux yeux étonnés de sa généreuse amante, soit sous les voiles eucharistiques, ou dans des visions pleines d'enseignement et de réconfort, car Lelléna, occupée plus encore que par le passé, tant auprès des élèves, qu’à la cuisine ou à la ferme, ne peut se livrer à aucune lectures spirituelles. Elle reste donc, par la force des choses, sans instruction personnelle.

 

Le Lundi Saint, 24 mars 1902, Lellèna pour l'accroissement de sa piété, à l'immense bonheur de voir Notre Seigneur Jésus Christ pendant le Saint Sacrifice de la messe, se substituer à son ministre du 1er Evangile au dernier.

Le jour de la première Communion des élèves, elle voit Notre-Seigneur à travers les voiles eucharistiques, se donner à des âmes innocentes...

Pour l'infatigable petite novice, trop souvent l'heure du coucher arrive sans avoir pu vaquer à ses exercices de piété. Mais oublieuse de sa fatigue, elle demande, et obtient l'autorisation de veiller aux Pieds de Notre-Seigneur au Très Saint Sacrement.

C'est là que le Divin Maître ou sa très sainte Mère, vont la dédommager de ses privations spirituelles, par des visions internes fréquentes, plus belles les unes que les autres, dont elle fera part à son Directeur par pure obéissance.

 

Le cadre de ce travail ne nous permet que d'en citer quelques- unes et très brièvement.

Un jour, la Très Sainte Vierge, montre à son enfant de prédilection 3 robes symboliques, dont Elle veut voir son âme revêtue. La 1ère est de couleur bleue, la 2ème est blanche et la 3ème  rouge, Elle lui en explique le sens mystérieux.

Lelléna a déjà acquis les deux premières, mais il lui faut gagner la dernière par la souffrance, la patience, le renoncement à sa volonté propre, et la Divine Mère ajoute pour la fortifier et la consoler tout ensemble : « moi, j’ai toujours les yeux sur toi ».

Une autre fois, Lellèna se voit accompagnée par son Bon Ange, en face de trois routes différentes. L'une à pente rapide et dangereuse, est celle des plaisirs. L'autre biaisant, conduit aux souffrances expiatrices, enfin, celle dans laquelle elle doit s'engager est droite comme une longue échelle, mais couverte partout d'épines et de croix.

Il lui faut la parcourir, portant sur ses épaules une lourde croix, sous le poids de laquelle elle se sent défaillir; mais levant les yeux elle aperçoit à son sommet Notre-Seigneur crucifié qui la regarde avec compassion. Le Sang Rédempteur coule de ses plaies sacrées... Bientôt de sa propre Croix, part une banderole qui reliera la croix de Lelléna à la sienne et lui facilitera la montée douloureuse...

Cette banderole porte de mystérieux écrits d'or...

Lelléna y lit ces seuls mots : « In manum suam mandavit »

 

Pendant qu'à Campitello se déroule la quatrième phase des Apparitions: Visions sur la Passion de Notre-Seigneur et que les voyants donnent l'exemple de la prière et de la pénitence depuis le 13 Février 1900; la Très Sainte Vierge se présente également à Lellèna à l'Abbaye, sous son titre de « Mater Dolorosa », et lui adresse ces paroles : « Ma fille, je ne te rendrai pas heureuse en cette vie, mais je te promets que tu le seras en l'autre »...

C'est alors que Lellèna, profondément émue par ce navrant tableau, demande à Notre-Seigneur de souffrir pour consoler son Divin Cœur mais que ses propres souffrances soient à l'intérieur, afin que nul, au dehors ne s'en doute...

Sa prière est exaucée ; elle ne tarde pas à éprouver aux pieds un feu tel que les plongeant dans l'eau fraîche, celle-ci se met à bouillir! Sœur Geneviève est témoin de ce fait. Peu après, ce sont des souffrances semblables à celles d'une couronne d'épines, lui encerclant la tête.

A ce martyre physique, vient s’ajouter celui mille fois plus douloureux encore, du martyre moral. Durant 15 longs jours consécutifs, Lellèna est aux prises avec des angoisses intérieures des plus accablantes.

Notre Seigneur façonne graduellement la douce victime, à sa divine ressemblance, et l’unit chaque jour, de plus en plus étroitement, à sa personne adorable, par une immolation de tous les instants, car ce que le Christ n’a pu réaliser dans les limites de son Corps mortel, Il le réalisera jusqu’à la fin des temps, dans l’ampleur de son corps mystique.

A l’instar de son Divin Modèle, Lellèna souffrira dans tout son être : esprit, cœur, corps, honneur, tout sera sacrifié à la gloire divine, et cette crucifixion incessante aura pour effet le salut des âmes...

Nous pourrions en citer de nombreux exemples : arrêtons-nous actuellement à celui-ci, qui se présente à notre mémoire.

Le samedi 20 juin veille de la catastrophe du « Liban », Lelléna se sent tout à coup, en proie à d'affreuses souffrances, et dans tout son corps, éprouve des brûlures inexprimables sans en deviner la cause. Le lendemain, Dimanche, elle voit pendant l'assistance à la Messe, le bateau s'enfoncer dans les flots, les passagers disparaître !

Elle prie, elle supplie pour obtenir le salut de ces malheureux naufragés, et tandis qu'elle est encore en prières, ce lundi 22, il lui est révélé que, parmi eux, il n'y a eu que très peu de damnés...

 

Lelléna par des circonstances imprévues et indépendantes de sa volonté, est appelée de temps à autre à Campitello. Cela entre dans le plan divin !

L'Abbaye n'a plus de clôture, plus d'exercices communs, car à tout prix, il faut échapper aux tracasseries gouvernementales. La jeune fille est donc libre de tout lien ; mais cependant, elle n'agira jamais sans le consentement de ses supérieurs.

Le 1er Février 1909, se trouvant de passage à Campitello, elle descend aux Apparitions, avec sept autres personnes, au nombre desquelles se trouvent 3 voyantes : Perpétue, Rose et la vieille Marie Lorenzi.

Tout à coup une blancheur éclatante couvre le rocher à dos d'âne.

La Très Sainte Vierge apparaît aux trois susdites voyantes qui tombent en extase ; quant à Lellèna et les trois autres, elles n'aperçoivent qu'un grand rayon partant du rocher, lequel illumine toute la croix.

Bientôt les voyantes se lèvent, et amènent Lelléna au pied du signe de notre Rédemption. De grosses larmes coulent de leurs yeux et Marie Lorenzi, demeure les bras en croix pendant 1 heure...les yeux levés vers la vision, contemplant la Vierge Marie entourée de rayons lumineux et reposant au-dessus de la Croix.

Ensuite Perpétue prend la Croix et part en procession avec ses compagnes, en se dirigeant vers le hameau de Panicale et en chantant des hymnes en l'honneur de la Très Sainte Vierge. Chemin faisant, elles voient un âne occupé à brouter l'herbe près d'un rocher (1). Lorsque le pauvre animal voit la Croix, il fait environ dix pas en avant, puis quand cette croix passe devant lui, il plie ses deus pieds de devant, incline la tête et reste ainsi à genoux dans cette situation, au su et au vu des personnes présentes, pendant quelques instants.

 

(1) L’âne qui accomplit inconsciemment le geste cité plus haut, appartenait à une femme du pays, nommée Stella Pizzorni, qui vit encore et habite le hameau de Panicale.

 

« On aurait dit qu’il adorait », ainsi s’exprimait Lellèna faisant le récit de la chose, à une personne qui lui en demandait la relation.

La procession se remit en marche et arriva à l'entrée du hameau où tous, grands et petits, jeunes et vieux, se joignirent à elle. On fit le tour de Casciana, en chantant et en priant avec ardeur.

Dans la relation que fit Lelléna, à celui qui la sollicitait de le faire, elle omit, par humilité, les détails suivants, parce qu’il lui aurait fallu figurer en la circonstance, ce qui lui répugnait extrêmement.

Pendant qu'elle était en extase, Perpétue Lorenzi, qui ne sait ni lire ni écrire, ni parler français, se met, Ô prodige ! À écrire très lisiblement avec Elle le doigt sur le sol, sous les yeux étonnés de 7 témoins, ces mots : « Miracle, Miracle, Marie Refuge des pêcheurs, pénitence, pénitence, priez, priez ». Et Lellèna les lit à haute voix.

Perpétue se relève, reprend la croix et se met en marche.

Arrivée au Riniccio, elle se met de nouveau à genoux et essaye de former d'autres lettres avec le doigt. Mais le sol est battu, rien ne reste .Alors s'emparant du rosaire de Lellèna et l'arrangeant avec ses mains, elle parvient à former les mots ci-après, auxquels elle-même ne comprend absolument rien :

« Marie conçue sans péché

Pénitence, pénitence, Priez, priez ! »

Le rosaire de Lelléna s'allongeait d'après le besoin de la phrase !...

Le fait relaté ci-dessus, a été certifié conforme à la vérité, par les heureux témoins.

Les autres apparitions en France...

La Vierge Marie après avoir au siècle dernier visité en tous sens la France, son royaume de prédilection : Paris d’abord en 1830, La Salette 1846, Lourdes 1858, Pontmain 1871, Pellevoisin 1870, daigna en 1899, tourner ses regards maternels, vers ses régions hors côtes, la Corse, surnommée l’Ile de Beauté.