Corse : Les Apparitions de la Vierge à Campitello
Corse : Les Apparitionsde la Vierge à Campitello

Retraite à Ajaccio

Demande de réintégration à l'Abbaye Bénédictine d'Erbalunga...

Nous avons vu précédemment les démarches qui avaient été tentées vainement dans le but d'ouvrir à Lellèna les portes du Carmel. La pauvre enfant, toujours inconsolable de la perte de sa vie religieuse, en fit exprimer ses regrets à son Evêque Monseigneur Desanti, depuis longtemps au courant de ses épreuves. Sa grandeur appela Lelléna et sa compagne à Ajaccio, pour y faire, l'une et l'autre, une retraite sous la sage direction du Rd Père Bunos, Supérieur du Grand Séminaire. Elles se rendirent donc à cet effet, dans la ville épiscopale, le 7 juin 1913 et descendirent au Couvent des Filles de Marie qui les hospitalisèrent avec la plus parfaite charité. Durant 8 jours, le Rd Père Bunos prit séparément chaque jour les deux retraitantes et, étudiant leur situation qu'il exposa à Sa Grandeur, il leur apporta à chacune, lumière et réconfort. La retraite terminée, Monseigneur, après s'être entretenu avec les retraitantes, décide que Lelléna devra tenter une dernière demande de réintégration, dans sa si chère Abbaye d'Erbalunga. La réponse que Madame l'Abbesse fera à la pauvre enfant, sera transmise à Sa Grandeur.

Voici copies textuelles de la demande adressée par Lelléna à Madame l'Abbesse, et la réponse de cette dernière:

Ajaccio.

« Ma très chère Révérende Mère. Je clôture, aujourd'hui, une retraite particulière faite sous la direction du Très Révérend Père Bunos, Supérieur du Grand Séminaire. Durand ces jours bénis, je me suis retrempée dans l'amour de ma sainte vocation, et mes aspirations se portent plus véhémentes que jamais, vers l'Ordre de Notre Glorieux Père Saint Benoît. Après avoir causé avec le T.Rd Père Bunos, il m'a engagée fortement à vous faire part de mes désirs, qu'il croit être l'expression de la volonté divine sur mon âme. Je n'ai jamais oublié et je n'oublierai jamais le berceau de ma vie religieuse, les joies que j'y ai goûtées, les tendresses dont vous avez entouré mon enfance. Avant donc de frapper à la porte de quelqu'autre monastère, souffrez ma Rd Mère, qu'humblement prosternée à genoux, je vous demande d'accueillir de nouveau votre petite sœur Marie-Catherine, que tant de liens d'affection attachent à notre bien aimée Abbaye. Bien petits hélas, sont les services que je pourrai vous rendre. Je ne puis qu'aimer et souffrir. Mais, T.Rde Mère, si votre cœur maternel me reçoit quand même, je ne pourrai jamais assez vous en exprimer la gratitude. Dans l'espoir que vous voudrez bien agréer favorablement le vœu de mon cœur, daignez recevoir l'expression de ma filiale et constante affection.

Votre petite enfant respectueuse. »

Réponse de la Rde mère Abbesse Gertrude, à Soeur Marie-Catherine  -  Erbalunga, le 11 juin 1913...

« Ma Chère Madeleine

Je ne suis pas étonnée de votre désir de rentrer dans la vie religieuse et je ne peux que vous encourager à le faire ; mais il ne m'est pas possible de vous seconder. Depuis bien des années le noviciat est fermé. Les quelques personnes âgées ou infirmes qui sont ici, n'ont aucun exercices communs. Chacune fait ses dévotions en son particulier, quand et comme elles peuvent ; c'est triste, mais il faut se soumettre à la nécessité. Il ne vous sera pas difficile, ma chère Lellèna, de trouver une maison religieuse qui vous reçoive. Beaucoup de Communautés, non enseignantes, subsistent encore, malgré le malheur des temps. Je prie Notre-Seigneur de vous ouvrir le monastère où il vous appelle. Vous me ferez plaisir, ma chère enfant, en me le faisant connaître, lorsque vous serez fixée. Croyez, ma chère Lelléna, à mon fidèle souvenir. Je vous adresse ces lignes à Campitello, puisque vous ne me donnez pas votre adresse à Ajaccio. Adieu et bon courage, confiance toujours.

Sœur Gertrude Guillaume, Ancienne Abbesse O.S.B. »

Monseigneur Desanti, informé de la réponse, y voit un agissement divin, et engage Lellèna, ainsi que sa compagne Mme D. à retourner vivre à Campitello, comme auparavant, jusqu'à ce que Dieu en décide autrement, par quelques manifestation de sa volonté. Cette manifestation n'aura lieu qu'en 1921, comme nous le verrons plus tard. Monseigneur Simeone, ayant succédé à Monseigneur Desanti, sur le siège épiscopal d'Ajaccio, voulant à son tour connaître les dispositions de la Rde Mère Abbesse Gertrude, par rapport à Lelléna, envoya les Rds Pères Benoît et Gamba, de la Résidence à Bastia, à l'Abbaye d'Erbalunga, s'en enquérir auprès d'elle. La compagne de Lellèna, Madame D. appelée à Calvi par Mr le chanoine Ricci, alors Archiprêtre de cette ville, eut un entretien avec le Rd Père Benoît, de passage à Calvi. Celui-ci résolut de se rendre à Campitello voir Lelléna, laquelle fut instruite de sa visite, par l'apparition d'une brillante étoile, qui se changea bientôt en rose verte, signe d'espérance. Le 13 mai 1921, le Rd Père Benoît, au cours de l'entretien qui l'amenait à l'Abbaye, venait à prononcer le nom de Lelléna, Mme l'Abbesse, avec une insistance marquée, esquivait le sujet de la conversation, coupant brusquement la parole au Bon Père ; son embarras était visible. « À mon tour, dit le pieux visiteur, je l'interrompis à deux ou trois reprises et, bon gré mal gré, il lui fallut bien parler du renvoie de la postulante novice. Alors Madame l'Abbesse me déclara de la façon la plus expresse, relate le R d Père Benoît, qu'elle n'eut qu'à se louer de la pieuse jeune fille, malheureusement sans dot et sans santé. Si elle fut dans la triste nécessité de la rendre à sa famille, c'est qu'alors le couvent traversait une redoutable crise financière, et elle y fut également contrainte par les difficultés de la laïcisation. Elle ne me fit pas le moindre blâme à son sujet, bien au contraire, ajouta le Rd Père Jésuite ». Le Rd Père Benoît s'empresse de faire connaître à Monseigneur Simeone, le témoignage vraiment élogieux, que rendit de Lelléna la Rd Mère Abbesse, en présence du Rd Père Gamba.

Les autres apparitions en France...

La Vierge Marie après avoir au siècle dernier visité en tous sens la France, son royaume de prédilection : Paris d’abord en 1830, La Salette 1846, Lourdes 1858, Pontmain 1871, Pellevoisin 1870, daigna en 1899, tourner ses regards maternels, vers ses régions hors côtes, la Corse, surnommée l’Ile de Beauté.