Récit de Lelléna :
« Dans la nuit du 4 au 5 juin, 1er vendredi du mois, les gémissements que j’entendais dans le château de la Costa, se sont fait entendre dans ma chambrette, au 3ème étage. Pendant la célébration du Saint Sacrifice de la Messe, à laquelle je n’ai pu assister, étant dans l’impossibilité de me lever, parce que j’étais trop malade, Monsieur A. M .m’est apparu. Il m’a dit qu’il souffre un purgatoire très douloureux, pour s’être laissé détourner des engagements qu’il avait pris envers Notre-Dame de Campitello. Il lui est reproché surtout de n’avoir pas tenu compte de la grâce que la Très Sainte Vierge lui avait accordée en le faisant « avertir qu’on travaillerait à le détourner de Campitello ». Pourtant il s’était déjà entendu avec un marbrier de Bastia nommé Marzocchi, pour les marbres destinés à l’autel de la future chapelle que l’on devait construire, en son temps, au lieu des apparitions. Il fit connaître à Lelléna, le nom des personnes qui l’ont détourné de l’œuvre à venir. Il déclare également, que s’il avait été fidèle, il aurait été guéri. Pour cette infidélité, il a retardé le triomphe de la Très Sainte Vierge à Campitello, et c’est pour cette infidélité, qu’il souffre un purgatoire très rigoureux. - Lorsque vous retournerez à Campitello, ajoute M. A.M. faites pour moi amende honorable aux Apparitions. »
Lettre de Lelléna à sa Mère Prieure.
« Cette nuit dernière, notre bien-aimée Sœur Gertrude, toute radieuse, est venue me voir. Je l’ai suppliée de vous soulager moralement. Elle m’a souri et m’a parlé en ces termes : « Je vous l’ai déjà dit, il faut que notre Mère passe par cette voie. La grande Œuvre qu’elle va faire germer, il faut qu’elle soit payée d’avance de cette façon, mais comme elle sera polie et heureuse en sortant du creuset ! »
- Ce monstre infernal voudrait vous affliger pour l’avenir, ma chère Mère parce que l’avenir de cette œuvre le fait trembler… »
Récit de Lelléna à sa Prieure :
« Dans la nuit du 27 au 28 janvier, notre chère sœur Gertrude m’est apparue, revêtue de son habit religieux. Elle était comme enveloppée dans un rayon de gloire. Elle m’a fait comprendre que, se sentant mourir, elle mit de l’ordre dans tous ses papiers intimes, avant de descendre dans la chambre où elle devait rendre le dernier soupir. Elle cousut alors dans sa robe, un papier qu’elle mit dans une enveloppe ; papier écrit de la main de notre Mère, par lequel elle lui faisait don de 10 000 Francs, au cas où elle viendrait à décéder avant elle. Elle m’a exprimé le désir que Notre Rde Mère reportât ce don, sur la tête d’un petit séminariste. Puis elle a ajouté : « Oh ! Comme le Bon Dieu est offensé par les prêtres ! » et m’a fait comprendre également la nécessité de se sacrifier pour eux, et de prier beaucoup pour la formation du clergé selon le Cœur de Jésus. Enfin elle m’a dit avant de me quitter : « Notre Rde Mère devait mourir presque en même temps que moi, mais j’ai intercédé auprès du Bon Dieu, pour que sa vie soit prolongée en faveur de l’œuvre de Campitello, et j’ai été exaucée. Pour moi, je devais mourir la première, ne devant pas connaître Campitello de mon vivant, mais j’y demeurerai au Ciel comme une gardienne ». Ma mère et ma belle sœur Catherine entendent, en effet, une personne aller et venir dans notre maison de Panicale, depuis le 4 décembre 1934, jour du décès de notre bien-aimée Sœur Gertrude ».
Récit de Sœur Marie-Catherine à sa Mère prieure :
« Dans la nuit du 11 au 12 mars 1926, écrit Lelléna à sa Mère Prieure, Mgr Pierre Bauron, décédé dans la nuit du 5 au 6 avril 1924, m’est apparu tout transformé dans la gloire. Il s’est entretenu longuement avec moi. Au cours de son entretien, il m’a dit : « Je vois maintenant que vous ne deviez pas entrer au Carmel de L. où je vous avait fait agréer. J’en avais été très peiné d’abord, mais c’était bien la volonté de Dieu que vous n’ayez pas accepté d’entrer chez les carmélites. Vous devez être Fille de Saint Benoît, reprit Mgr Bauron, et le groupes des religieuses bénédictines, que vous aviez vu, il y a 16 ans, venir du continent en corse, est bien celui auquel vous devez appartenir. »
« Demandez à être revêtue du Saint habit Bénédictin », ajouta-t-il. Je répondis que je souffrais beaucoup de cette privation, quoique désirant toujours accomplir la volonté du Bon Dieu. « Demandez-le », reprit de nouveau Mgr Bauron, me faisant comprendre que cette épreuve touchait à sa fin.
Peu de temps après l’apparition de Mgr Bauron, ce fut Mgr Desanti, ancien Evêque d’Ajaccio, sur le point de faire son entrée au Ciel, qui se présenta à moi, et s’engagea à son tour, à plusieurs reprises, à solliciter la grâce de reprendre le Saint Habit : « Demandez-le à l’autorité épiscopale » disait-il, voulant me persuader lui aussi, que ma demande serait exaucée. Agenouillée devant Mgr Desanti, et m’enhardissant, j’osai lui dire : « Vous vous rappelez peut-être, Mgr, ce que vous m’avez dit au parloir d’Erbalunga : « Si je suis nommé Évêque de Corse, vous verrez ce que je ferai pour la Sainte Vierge ! »… et vous n’avez rien fait ! » Il est alors devenu triste et il m’a dit : « Vous êtes dans la vérité, mais maintenant demandez-moi ce que vous voulez » et je comprenais qu’il avait le pouvoir de me l’accorder. Joignant les mains, je m’écriai : « Mgr, je n’ai qu’une grâce à vous demander, celle de reprendre le Saint Habit ! » Il m’a répondu : « Eh bien, elle vous est accordée ! » Et j’ai compris que je devais aller à Mgr Simeone, et qu’il l’obtiendrait de sa Grandeur. »
Instruite de ces visions symboliques, la Mère Prieure fit la demande susdite à Mgr Simeone, qui accorda sans l’ombre de difficulté, l’autorisation sollicitée alors qu’auparavant, il disait seulement : « Cela viendra ».
Ce fut le 24 mai 1926, Fête de Notre-Dame Auxiliatrice que l’heureuse novice revêtit à nouveau le Saint Habit Bénédictin.